De-ci, de-là

Dr. Rolf Bossart

Traduit de l’allemand par: Prof. Markus Studhalter

2014

Texte original en allemand

Les mains, on peut les joindre, les serrer, les enfouir même dans ses poches; les jambes, elles, se coincent, se démettent, se tordent …Mais ici, les jambes sont souples, minces et filigranes.

Du clavetage résultent la danse, la forme, la sculpture. Melehi regarde les pieds de ces danseurs macabres. Ils se tiennent sur leurs pieds, ils s’étirent tout en imitant la faux menaçante de leur maître. Alors que se tordent les jambes et les pieds, le regard habitué se tord d’en haut et d’en bas, du blanc et du noir, de la vie et de la mort. On ne se tient pas debout blanc sur noir, mais noir sur blanc. C’est de même les jambes blanches qui dansent sur le fond noir. Le vide est noir et non pas blanc. Le sol est noir, et probablement, il n’est pas solide, mais au contraire : un océan de nuit, et les pieds ne sont pas assez lourds à être engloutis ou bien ils dansent pour ne pas disparaître dans les eaux …

Il est probable que ces pieds ne dansent pas, mais ils s’en vont, s’enfuient même, mais où ? De-ci, de-là, vers le haut et vers le bas, à gauche et à droite. Ce n’est pas le mouvement de marcher, mais de trottiner sans direction définie, et le tout d’une manière répétée et parfaite. Tout est en mouvement, mais personne ne s’en va ; chacun cherche à atteindre un but, et il y reste en même temps.

Par conséquent, c’est une danse quand-même.

En général, quand dansent les morts, les vivants se reposent. Mais dans cette danse-ci, les vivants forcent les morts à imiter la vie. Ce n’est pas la mort qui forme la vie, mais plutôt la vie qui chorégraphe les morts. C’est juste cette espérance qui est proclamée par les jambes souples d’Abdelkader Melehi.